nadia_lfasia شاعرطموح
المساهمات : 4 تاريخ التسجيل : 20/01/2008 العمر : 45 الموقع : فاس
| موضوع: Adieux a la mer الأحد يناير 20, 2008 7:39 pm | |
| Murmure autour de ma nacelle Douce mer dont les flots chéris Ainsi qu'une amante fidèle Jettent une plainte éternelle Sur ces poétiques débris
Que j'aime à flotter sur ton onde A l'heure où du haut du rocher L'oranger, la vigne féconde Versent sur ta vague profonde Une ombre propice au nocher
Souvent, dans ma barque sans rame Me confiant à ton amour Comme pour assoupir mon âme Je ferme au branle de ta lame Mes regards fatigués du jour
Comme un coursier souple et docile Dont on laisse flotter le mors Toujours, vers quelque frais asile Tu pousses ma barque fragile Avec l'écume de tes bords
Ah! berce, berce, berce encore Berce pour la dernière fois Berce cet enfant qui t'adore Et qui depuis sa tendre aurore N'a rêvé que l'onde et les bois
Le Dieu qui décora le monde De ton élément gracieux Afin qu'ici tout se réponde Fit les cieux pour briller sur l'onde L'onde pour réfléchir les cieux
Aussi pur que dans ma paupière Le jour pénètre ton flot pur Et dans ta brillante carrière Tu sembles rouler la lumière Avec tes flots d'or et d'azur
Aussi libre que la pensée Tu brises le vaisseau des rois Et dans ta colère insensée Fidèle au Dieu qui t'a lancée Tu ne t'arrêtes qu'à sa voix
De l'infini sublime image De flots en flots l'oeil emporté Te suit en vain de plage en plage L'esprit cherche en vain ton rivage Comme ceux de l'éternité
Ta voix majestueuse et douce Fait trembler l'écho de tes bords Ou sur l'herbe qui te repousse Comme le zéphyr dans la mousse Murmure de mourants accords
Que je t'aime, ô vague assouplie Quand, sous mon timide vaisseau Comme un géant qui s'humilie Sous ce vain poids l'onde qui plie Me creuse un liquide berceau
Que je t'aime quand, le zéphire Endormi dans tes antres frais Ton rivage semble sourire De voir dans ton sein qu'il admire Flotter l'ombre de ses forêts
Que je t'aime quand sur ma poupe Des festons de mille couleurs Pendant au vent qui les découpe Te couronnent comme une coupe Dont les bords sont voilés de fleurs
Qu'il est doux, quand le vent caresse Ton sein mollement agité De voir, sous ma main qui la presse Ta vague, qui s'enfle et s'abaisse Comme le sein de la beauté
Viens, à ma barque fugitive Viens donner le baiser d'adieux Roule autour une voix plaintive Et de l'écume de ta rive Mouille encor mon front et mes yeux
Laisse sur ta plaine mobile Flotter ma nacelle à son gré Ou sous l'antre de la sibylle Ou sur le tombeau de Virgile Chacun de tes flots m'est sacré
Partout, sur ta rive chérie Où l'amour éveilla mon coeur Mon âme, à sa vue attendrie Trouve un asile, une patrie Et des débris de son bonheur
Flotte au hasard : sur quelque plage Que tu me fasses dériver Chaque flot m'apporte une image Chaque rocher de ton rivage Me fait souvenir ou rêver
Auteur:Alphonse de LAMARTINE
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